Chères amies, Chers amis, Il y a un an, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, était assassiné pour avoir défendu la liberté d’expression. Nous avons été nombreux à condamner ce crime. Nombreux mais pas unanimes car cette exclamation d‘horreur a divisé, aussi bien en France que dans le reste du monde, au nom de la question du « droit au blasphème » ! J’y vois là une altération à la fois de notre conception des droits de l’Homme mais aussi de la place grandissante du religieux au niveau planétaire qui tente, dans les démocraties, d’imposer ses règles et de dicter notre quotidien. Se souvient-on que dans l’excellente étude de la Fondation Jean Jaurès de novembre 2020 sur le rapport des Français à la laïcité, 15% des catholiques, 38% des musulmans mais surtout 57% des musulmans de 15 à 24 ans estimaient que les règles édictées par la religion devaient avoir préséance sur les lois de la République ! Quel constat amer. La France, en cet automne 2021, porte le deuil dont la couleur est le noir. Or, c’est justement à cette couleur que Samuel Paty avait consacré son mémoire de maîtrise « Le Noir, société et symbolique » (1815-1995). Il s’inscrivait alors dans le champ de l’histoire culturelle et de l’étude des représentations, en présentant une enquête sur notre rapport à de nombreuses entités politiques, scientifiques, artistiques, religieuses. Il y étudiait le rôle du noir dans la construction d’un savoir scientifique, du combat entre le blanc et le noir dans l’imaginaire littéraire et pictural, des connotations négatives du noir comme couleur de la tristesse, de la mort et du mal, de son pouvoir religieux comme habit de l’austérité ou du fanatisme, ou encore des usages collectifs de ce qu’il appelle « le noir absolu ». Cette date anniversaire n’est malheureusement pas la seule avec le récit des survivants du massacre du Bataclan et la nuit d’horreur du 13 novembre 2015 lors du procès qui vient de s’ouvrir. J’en ai encore l’écho qui me parvint alors que j’étais à Bruxelles au milieu d’amis qui allaient apprendre pour certains, dans les heures suivantes, la mort d’un fils… L’horreur se faisait humaine et sanglot. Violences enfouies, violence pure et gratuite. J’ai toujours cru, y compris – je l’assume – par trente années passées dans un pays où le pardon ne vaut pas seulement comme une absolution permettant d’oublier la guerre civile, que la main tendue, la générosité, pouvaient guérir de tout et que tout Homme de bonne volonté pouvait dire avec Hugo « il n’y a sous le ciel qu’une chose devant laquelle on doive s’incliner : le génie, et qu’une chose devant laquelle on doive s’agenouiller : la bonté ». La bonté ? La bonté et la force de la loi. Bien à vous, Hélène Conway-Mouret https://www.helene-conway.com/ |
Lettre d’information de la sénatrice – Octobre 2021
